dimanche 19 décembre 2010

RIEN TOUS LES SOIRS...

Le FESMAN (Festival Mondial des Arts Nègres), pour ou contre ? Actuellement, c’est le débat national au Sénégal. Adversaires et partisans de la manifestation s’affrontent à coup d’arguments, mais parfois aussi (c’est cela le Sénégal d’aujourd’hui…) à coups d’insultes.

Pour ma part, ce n’est pas sur ce débat que je souhaiterais me prononcer, mais sur le traitement que les médias sénégalais, et particulièrement les télévisions, accordent à l’événement. A regarder en effet les différentes télévisions sénégalaises, et tout particulièrement la RTS (la télévision nationale), on croirait en effet que le FESMAN se résume à des concerts, puisqu’il n’y en a que pour la musique et la danse. Sur tout le reste, c’est le black out total, et pourtant, il se passe des choses intéressantes, entre les tables rondes, les cafés littéraires, les représentations théâtrales, les expositions d’œuvre d’art et j’en oublie. Sur les plateaux télés, lors de retransmissions en direct, on ne voit cependant que des chanteurs et des danseurs, et nul intellectuel, écrivain, acteur, artiste-plasticien, etc. Assurément, nos vieux démons ne cessent de nous poursuivre au Sénégal, et même lorsqu’il s’agit de célébrer la “renaissance africaine”, nous accordons une place surdimensionnée à ce qui divertit, au point d’oublier l’essentiel... Jamais certainement dans l’histoire contemporaine de notre continent, autant d’intellectuels et d’hommes de culture n’ont été réunis en même temps dans un seul pays, et nos médias, particulièrement nos radios et nos télévisions ont donc perdu ici une occasion extraordinaire de proposer une grille de programmes qui soit à la hauteur des défis qui se posent à nos pays. Combien d’heures de programmes utiles et éducatifs auraient pu être obtenus tout simplement à partir de la retransmission (en direct ou en différé, peu importe…) des espaces dédiés aux débats et à la réflexion ? Combien de plateaux télés ou de reportages auraient pu être organisés avec tous ces intellectuels et ces hommes de culture présentement dans notre pays ?

La RTS, eu égard à sa mission de service public, se devait d’ouvrir entièrement sa grille au FESMAN ; elle le fait pour des événements aussi mineurs (eu égard à nos priorités nationales) que la Coupe du Monde ou les Jeux Olympiques, alors pourquoi pas pour le FESMAN ? Aujourd’hui, plus que jamais, la RTS mérite la “devise” que lui colle bien des sénégalais : Rien Tous les Soirs… D’autres chaines, telles que 2STV ou TFM, qui se définissent comme étant des “télévisions culturelles” n’aurait pas dû être en reste, et elles auraient également dû déployer les grands moyens, comme elles savent si bien le faire lors des grands (et mêmes des petits…) combats de lutte.

Dans le Sénégal d’aujourd’hui, les références suprêmes (auxquelles s’identifient l’écrasante majorité de la jeunesse, et même de la population…) s’appellent Youssou Ndour, El Hadj Diouf, Modou Lo, bref que des chanteurs et des sportifs ! Assurément, cela est dramatique… Loin de moi bien entendu l’idée de m’en prendre aux personnes sus nommées, mais c’est seulement qu’on doit à la vérité reconnaitre que le développement de notre pays passe par la promotion d’autres références, autrement plus utiles. Le FESMAN, s’il avait bénéficié d’une couverture médiatique à la hauteur de l’événement et des enjeux, aurait peut être pu permettre de contribuer à rééquilibrer un peu la balance. Assurément, c’est une occasion de plus (et décisive par dessus tout…) qui vient d’être gâchée à jamais. Et nous allons certainement continuer, autant pour la suite du FESMAN que pour les années à venir, à chanter et à danser…

mardi 16 novembre 2010

PAIX À SON ÂME

Triste nouvelle que celle que je viens d'apprendre il y a de cela quelques heures : deux petites filles fauchées à Khombole, l'une décédée (quelques heures après) et l'autre actuellement dans une situation critique. Banal accident de circulation, comme il en arrive tous les jours, me diriez vous... Non, loin de là, la voiture à l'origine du drame appartenait à un cortège ministèriel. Pour moi, là réside le scandale, et peu m'importe le ministre, puisque je ne voudrais pas verser dans un débat politicien. Et les questions que je voudrais poser sont alors les suivantes : à quelle vitesse roulait le cortège lorsqu'il traversait l'agglomération où a eu lieu le drame ? la procédure prévue dans le cas d'espèce (la garde à vue pour 24h au moins du conducteur du véhicule, son audition par le procureur de la république pour la détermination de la suite à donner à l'affaire, etc.) a t-elle été respectée ?
Il suffit de fréquenter un tant soi peu les routes dakaroises et les grands axes routiers nationaux pour constater non seulement l'inflation galopante des "cortèges" (comme si le pays n'était constitué que d'officiels et de personnes de "hauts rangs", comme ci pour ces derniers il était infamant de faire comme tout le monde et de souffrir des embouteillages, comme si leur temps était plus précieux de celui de nous autres "petits" sénégalais...), mais aussi (et plus scandaleusement) les passe-droit et les abus de toutes sortes dont ils s'arrogent le droit (comme si le code de la route n'était fait que pour les "sénégalais d'en bas", comme si nous étions dans un régime de privilèges...). Tout y passe : excès de vitesse, non respect du code de la route, blocage de la circulation, et j'en oublie...
Un ministre qui habite pas loin de chez moi (et pas n'importe lequel, eu égard à son rang protocolaire et à ses domaines de compétence), emprunte régulièrement (bien calfeutré dans sa voiture officielle et flanqué de son garde du corps à l'avant... ) un "raccourci" qui correspond à une violation flagrante du code de la route et cela juste pour éviter un détour d'à peine 100 mètres. C'est cela le Sénégal d'aujourd'hui, et une telle voie est pleine d'inquiétude pour l'avenir de notre pays. Qui a volé un oeuf, volera un boeuf, nous dit l'adage. Alors ne soyons pas étonnés si un jour, on apprend qu'un cortège ministériel a fauché deux petites innocentes petites filles (et tuant même l'une d'entre elles), dont le seul tort est peut être d'avoir ignoré que le temps d'un ministre est tellement précieux que tout (avec un grand T) est permis à son cortège...
En attendant, à chacun sa conscience...